Patagonia 2016

Rêve de tous les alpinistes, la Patagonie reste une destination choisie pour l’escalade en montagne. Dominé par le Fitz Roy, le massif d’El Chalten est constitué d’une succession de flèches de granit d’une raideur extrême. Le futur nous le dira mais il reste de grandes lignes à ouvrir dans ce massif, encore faut il avoir une bonne fenêtre météo. 

Car il faut bien le dire, le temps est ici la clé pour toute ascension. Accompagné de Julien Christe, nous avons passé plus de 10 jours ensemble à scruter la météo et le reste à décider lequel du plan A, B ou C nous allions nous choisir. Les approches pour les camps d’altitude sont longues et ces montagnes tant désirées ne se laissent pas facilement approcher ! Que cela soit par Niponino, par Poincenot, par Piedra Negra, la marche est obligatoire pour espérer tenter une ascension le lendemain!

Le genou de Julien nous aura joué un vilain tour pour la « grande fenêtre  » météo de 24h que nous avons eue pendant ce séjour mais on n’y peut rien, il faut au contraire prendre du temps pour le remettre en état et espérer que la saison d’hiver lui permettra de soigner ça. 

L’Aiguille de Poincenot restera longtemps dans un coin de ma mémoire et le réveil à 2:00 du matin pour attaquer son ascension aussi! Étant donné les crépitements du genou de Julien, il valait mieux ne pas insister et sacrifier ainsi son mois en Argentine. La décision prise, il fallait juste se recoucher et dormir en attendant le lever de soleil sur le Fitz Roy. 

Je suis parti du coup seul faire un sommet satellite, Cerro A. Madsen (1810m) pile en face de la chaîne du Fitz Roy avec un panorama à couper le souffle. 

Le retour à El Chalten fut rapide et ensuite ce fut l’attente pour la prochaine fenêtre météo ! Lire, marcher , « stretcher », faire un peu de bloc, et envoyer quelques nouvelles à la famille, tout ça en regardant le topo 200 fois par jour pour trouver des idées, des voies, des plans A, B, C, D, E…

La deuxième fenêtre météo s’est présentée et nous sommes remontés avec tout notre matos dans l’espoir de faire une ces belles aiguilles. Malheureusement la fenêtre s’est transformée en hublot, et nous avons même eu du mal à gravir notre plan C, le Mojon Rojo (2250m), un sommet très facile par beau temps, qui là, nous a fait douter toute la journée mais qui à la fin, nous a apporté joie et contentement. A quatre pattes sur l’arête pour lutter contre le vent, nous avons fini par arriver au sommet et de là nous avons pu admirer les aiguilles de l’S, de Saint Exupéry, de Poincenot, … une vue inoubliable…

Après une bonne nuit au lit dans notre petit studio à El Chalten, nous sommes d’accord de nous accorder une journée de repos avant de refaire des plans sur la comète ! De toute façon la météo décide pour nous et pendant 48h, nous verrons la pluie tomber et le vent souffler!

Le rythme café, internet, stretching, prise de la météo, et encore café, internet, … en attendant que l’on puisse remonter pour un plan D, E, F…

Contre l’ennui et pour garder l’envie, nous allons faire du bloc, très beau d’ailleurs tout autour d’El Chalten. Avec les copains valaisans, on se motive, on crée de nouveaux blocs dans lesquels nous nous amusons comme des gamins.

La fin du séjour se fera plus au café qu’en montagne mais le dernier mètre de neige tombé en deux jours nous rappelle le nombre de fois que nous sommes passés à travers les ponts de neige à notre dernière tentative et la sécurité l’emporte. Pas de nouvelles tentatives désespérées pour l’ascension de l’aiguille de Poincenot sur un push depuis El Chalten! Pourtant les sacs étaient prêts, mais pas les conditions.

Je quitte la Patagonie avec un sentiment partagé: ces grandes flèches de granit tant rêvées ne furent même pas touchées,    pourtant nous étions si proches.

Peut-être qu’un jour je reviendrai, peut-être pas. Le massif du Mont Blanc peut nous offrir de belles aventures aussi, plus proches, bénéficiant d’une météo plus clémentes, elles demandent une abscence plus courte de la maison et je suis loin d’avoir tout exploré!

Alors en attendant que l’été arrive et que le soleil danse sur ce granit chamoniard et je serai de nouveau prêt !